Les crises climatiques, sanitaires, géopolitiques mènent-elles les responsables à se pencher sereinement et sérieusement sur l'avenir énergétique de la planète et celui de la France, compte tenu des possibilités physiques, techniques et financières ?
Quels sont les impératifs et possibilités en France en 2022 et au-delà en ce qui concerne l'éolien industriel ?
… Et pour nous, quelle attitude tenir lors de enquêtes publiques (EP) locales ?
N'est-il pas temps de montrer que l'intervenant, lecteur et analyste du dossier d'EP déposant son avis, est en droit de s'interroger sur le fond du développement de l'éolien en France et d'ajouter ses doutes sur le thème général, en plus, bien sûr, de l'intérêt ou des inconvénients de l'installation sur le territoire concerné par l'enquête ?
Sans se faire répondre, lorsque l'on aborde le sujet de la nécessité ou non, de l'intérêt ou non, de la pertinence ou non… du développement de l'éolien, par des phrases du type : “circulez, il n'y a rien à voir”. Pourtant le dossier d'EP s'étend largement, longuement, à maintes reprises, sur l'intérêt de l'éolien industriel en général et donc justifie la présence d'un dossier concernant tel ou tel lieu.
Alors, il est plus que temps d'enfoncer le clou.
Réflexions du printemps 2022
Résumé
La crise énergétique future vient brutalement d'être mise en lumière par le choc de la guerre en Ukraine, montrant très particulièrement en Europe les limites de l'approvisionnement en énergie du Vieux Continent…
Développement
- 2005 date de la Charte éolienne du département 02… début de l'envahissement de l'ensemble du territoire pour de bonnes raisons (nous est-il dit !), dans le cadre totalement dérégulé promu par l'Union Européenne.
En pratique, les enquêtes publiques, portant sur chacun des sites au fur et à mesure que les projets naissent dans les cerveaux des promoteurs de tous ordres (financiers internationaux, producteurs d'électricité [ou de gaz, ou de pétrole, ou de charbon], quelques particuliers, dont des membres influents d'Organisations Non Gouvernementales [ONG] ‘environnementales’, industries diverses voulant montrer leurs responsabilités ‘vertes’ à leurs clients, à l'Etat… quelques collectivités publiques persuadées de leur bon choix vis à vis de l'avenir des générations futures) …ces EP sont alors pour les opposants une suite de combats où finalement la réussite d'opposants sur un site revient à alourdir les craintes qui apparaissent dans les esprits des riverains d'autres sites.
Les promoteurs (au sens large, cf : la liste citée ci-dessus) ont beau jeu de traiter leurs opposants du qualificatif “NIMBY” (“pas dans mon arrière cour“), argument pesant lourd dans l'esprit des riverains qui s'interrogent de bonne foi : “puisque c'est obligatoire, alors sacrifions nous, ici pour le bien de la planète”. En pratique, donc, la démarche initiée par l'Etat, sous l'égide de l'UE, revient à un ‘diviser pour régner’ non-dit.
Les pouvoirs publics locaux ont vite participé en ajoutant un argument de poids : des ressources sont le résultat de l'implantation. Ressources non-négligeables pour des communes ou communautés rendues exsangues au fur et à mesure des évolutions fiscales, de la désindustrialisation menée sur des décennies.
- 2022 date de la mise au point du cadre des réflexions régionales, départementales autour de l’ADEME, promoteurs, pouvoirs publics, Organisations Non Gouvernementales (ONG) ‘environnementales’, soutiens de l’éolien industriel sur nos territoires.
Entre ces dates… maintes enquêtes publiques (EP) concernant les fermes éoliennes à naître puis les parcs éoliens à naître. EP pour lesquelles les conseils des fédérations anti-éoliennes conseillaient surtout de ne pas mettre en doute le développement général de l’éolien en France, puisque c’était peine perdue(1), mais de défendre pied à pied chacun des sites visés avec tous les arguments locaux possibles.
Lors de ces EP, lors des séances de présentation, les habitants devaient rester sous le charme des flûtes anti-nucléaires dont jouaient les promoteurs, les ONG : FNE, WWF, Négawatt, GreenPeace… — les habitants qui, encore pour certains, refusaient une mise en doute des causes anthropiques du réchauffement climatique et étaient donc insensibles encore aux limites de l’emploi des sources électriques carbonées. Par ailleurs, de nombreux tenants de l'électricité eéolienne inventaient une filière électronucléaire grosse source de
A quoi servait en effet une mise en lumière de l’indigence du tout intermittent éolien lors de l’analyse d’un dossier d’EP donné étant donné que le commissaire enquêteur n’avait qu’à juger le dossier dans le cadre des lois existantes — dont bien sûr les engagements de la nation et de sa feuille de route sur la transition énergétiques avec son application électrique –, considérant que le développement de l’éolien et solaire photovoltaïque était le moyen reconnu et intelligent de diminuer les productions françaises de gaz à effet de serre… D’ailleurs, « il faut prendre exemple sur l’Allemagne, le Danemark… ». Tant mieux d’ailleurs pour certains, il fallait en profiter pour diminuer et mettre à bas le nucléaire français. Diminuer la puissance nucléaire françaises était un argument utilisé par les promoteurs.
- 2005, 2006, … 2010, 2015, 2020. Des industiels, des économistes, des énergéticiens, quelques organisations environnementales aussi, s’inquiètaient, puis s’effrayaient des décisions validées par les députés (irréfléchis ?… ou pire), mettant à bas le savoir-faire français sur le domaine de l’électronucléaire,
- validant par la loi la limitation à 50 % de la producion nucléaire dans la totalité de la production électrique (alors que l’on partait de 80 % auparavant), limitant à 63 GW la puissance nucléaire installée.
- arrêtant les deux réacteurs de Fessenheim,
- arrêtant le développement du réacteur à neutrons rapides Astrid, permettant de mettre au point la filière de 4ème génération… ce qui devait multiplier par un facteur 50 les réserves de production d’électricité nucléaire (pour la même ressource en uranium)
- prévoaynt la limitation de la vie des réacteurs nucléaires restant aux 40 ans incompressibles [en tenant compte des remarques de l’autorité de sûreté] (vie pouvant être théoriquement étendue en fonction des jugements de Agence de Sûreté Nucléaire concernant la sécurité d’une prolongation éventuelle).
Il faut dire que fleurissaient les études diligentées par les ONG pro-éoliennes,… par des agences publiques même, telle l’ADEME, sur la possibilité de passer au tout renouvelable d’ici 2050… en diminuant même les prévisions sur les quantités d’électicité demandées par la consommation. L’ADEME abondait même dans ce sens en remplaçant le nucléaire français honni par des centrales à gaz pour les besoins de pointes et des intermittences du vent… Après tout le Royaume-Uni n’était-il pas en train de remplacer les centrales à charbon par le couple (non-avoué comme tel par les ONG françaises) éolien/centrales à gaz à cycle combiné, diminuant utilement la production de GES par la filière électrique du RU.
Las, le Royaume-Uni avait en plus un projet de développement de centrales nucléaires. Tiens, Tiens.
Il faut dire que les énergéticiens et plus largement l’Agence Internationale de l’Energie ne cessent de rappeler que le pic du pétrole est passé, que le pic du gaz était là (le pic du gaz de la Mer du Nord a bien-sûr une grande importance pour le Royaume-Uni) et qu’il est temps de prévoir sereinement mais efficacement le futur à moyen-terme et à long terme… Tout en diminuant effectivement les productions de GES de toutes origines.
Toutes origines, donc ? Production électrique, bien-sûr, mais surtout, pour la France (entre autres), l’industrie, les transports (trains, voitures, camions, avions même)… chauffage des résidences et des bâtiments publics. Toutes utilisations de l’énergie qu’il sera impératif d’alimenter autrement : électricité, hydrogène, bio-carburants ; recherche d’une plus grande efficacité énergétique (dont l'isolation thermqique des bâtiments).
Fin 2021, les scenarios de RTE mettent désormais en évidence un augmentation prévisible de la demande d’électricité. Début 2022 c’est corroboré par les scénarios de BP pour l’horizon 2050. Le GIEC, lui-même, intègre une portion de nucléaire dans les développements futurs. l’Union Européenne laisse (malgré certaines réticences de certains de ses membres) ouverte au gaz et au nucléaire sa ‘taxonomie’.
Il faut dire que les ressources renouvelables principales développables sur la plupart des pays du territoire européen sont toutes deux intermittentes (solaire phtotovoltaïque et éolien) et nécessitent au minimum un accompagnement pilotable conséquent.
Pilotable, le gaz, considéré naguère par l’ADEME, comme une bouée de sauvetage – carbonée – (momentanée) acceptable, est malheureusement soumis à des aléas sur les ressources disponibles dès maintenant et à terme, et sur les soubressauts géopolitiques…
Pilotable, le nucléaire sous la forme de centrales importantes pilotables (le nucléaire en France est pilotable) ou de petits réacteurs modulaires pilotables se développe activement au niveau mondial et mêm en Europe.
En France, très récemment, le Président de la République, après avoir durant de nombreuses années participé à la mise à bas de cette ressource, a annoncé le retour du nucléaire en France… mais… en même temps que le développement du solaire photovoltaïque et de l’éolien afin de décarboner l’utilisation de l’énergie en France. Le retournement était pressenti depuis quelque temps, et même certaines voix totalement anti-nucléaires s’étaient modérées.
Pourtant de nombreux énergéticiens s’interrogent sur les coûts additionnés de ces développements conjoints. Le développement forcené, même étendu dans la durée, de l’éolien onshore nécessite (avec le photovoltaïque dispersé) des dépenses lourdes : éoliennes (presque totalement importées), réseau surmultiplié, gestion de réseau et d’intégration ce ces productions intermittentes, dispersées, en temps et lieux. Alors que nucléaire français a montré que, pilotable, il pouvait non seulement servir de base mais aussi d’ajustement important pour l’équilibre entre la consommation et la production.
Coûts de l'électricité
Nombreux sont ceux qui vous disent que l’électricité éolienne est désormais moins chère que celle fournie par les autres source, en paticulier celle que fourniraient les nouveaux réacteurs nucléaires : ce sont dans l’ordre ou le désordre les ministres de l’Environnement (avatars divers au long des années) , les responsables de l’ADEME, des organisations environnementales, ders élus – convaincus ou cherchant à convaincre pour diverses raisons – et bien sûr les promoteurs éoliens, les fabricants d’éoliennes et cexu qui se sont mis à vendre de l’électricité, produite par d’autres, pour vivre sur la vague verte.
Nombreux, aussi sont ceux qui osent répéter, depuis des années ou même des lustres, que ce discours n’est totalement pas adapté à une juste présentation du prix de la filière électrique en question.
En pratique ce que les premiers cachent est que le prix de l’électricité en sortie d’éolienne, (€/kWh produit) n’est qu’une partie loin d’être essentielle pour celui qui veut recevoir et utiliser des kWh chez lui, au moment où il le veut, avec une qualité (en tension et en phase) qu’il souhaite pérenne pour faire fonctionner sans ennui ses diverses machines.
Tout ce qui permet de passer de la source jusqu’au poste d’ulilisation est pris en charge par les pouvoirs publics qui, bien sûr, répercutent logiquement le tout vers le consommateur ou le contribuable.
Il s’agit
- du réseau de tansport entre ces sources fort multiples, dispersées dans tout le territoire, dans toute la nature (plaines, forêts, collines, montagnes… mers et océans),
- des moyens de gestion de l’électricité de provenance multiples, de qualités multiples, de quantités multiples,
- des sources pilotables, sûres, nécessaires en puissance disponible suffisante pour pallier les fluctuations des sources éoliennes : que ces sources soient renouvelables (STEP, mégabatteries, électrolyseurs et piles à combustibles ou centrales thermique à hydrogène), volants d’inertie) ou non renouvelables à construire (centrales carbonnées, centrales nucléaires existantes ou à construire [3ème, 4ème générations pour les centrales à fission,… centrales à fusion…
…
Quelques faits et lectures
https://cereme.fr/wp-content/uploads/2022/03/CP_RapportRB_Resume_16-mars-2022.pdf
https://www.transitionsenergies.com/demantelement-reacteurs-nucleaires-pas-sorcier/
https://www.h2-mobile.fr/actus/bus-autocars-suisse-moteur-hydrogene-bientot-remplacer-diesel/
https://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/communiques/220111_Pourquoi_des_risques_de_coupure_d_electricite.pdf
2022
https://www.lemondedelenergie.com/nucleaire-mensonges-tribune/2022/03/25/
https://www.sauvonsleclimat.org/fr/base-documentaire/la-gestion-des-dechets-radioactifs-en-france
https://www.transitionsenergies.com/demantelement-reacteurs-nucleaires-pas-sorcier/
2021
https://www.sauvonsleclimat.org/fr/base-documentaire/cordemais-fessenheim-echec-au-climat
2020
Titre : Suite de la PPE 2020-2028, les schémas RTE 2050
https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere#
http://ventsetterritoires.blogspot.com/2021/12/mes-vaches-broutent-des-batteries-de.html
http://lemontchampot.blogspot.com/
billet du 18 décembre : La prophétie de Monsieur Lacoste
et son article dans europeanscoientist
https://www.transitionsenergies.com/prix-electricite-menace-finances-publiques-industrie/
https://www.transitionsenergies.com/produire-hydrogene-vert-beaucoup-electricite/
France : 600000 poids lourds en 2020.
http://lemontchampot.blogspot.com/2021/12/quand-le-nucleaire-foisonnera.html
_________________________________________-
(1) Il est bien entendu que le commissaire enquêteur n'est pas là pour porter jugement sur la validité du développement éolien mais pour obliger l'instance de décision (la préfecture) à prendre conscience des points permettant de d'affirmer la légalité du dossier dans le respect des règles édictées par la loi, de ses faiblesses sur tel ou tel point… des améliorations possibles…
Ce faisant le déposant de remarques joue malgré lui à un jeu très pénible puisqu'on lui fait dire, en pratique, que l'éolien c'est bien mais "surtout pas dans mon arrière cour !".