Présentation
Années 1999-2000, le CAUE (Aisne) classait l'Orxois comme paysage sensible et attirait l'attention sur sa fragilité lors d'une urbanisation éventuelle (vallons [Ourcq, ru d'Allan, Clignon…] et villages de l'Orxois).
Les sites internet officiels (Environnement, Dreal, Préfecture 02) permettent d'avoir accès aux couches de cartes (SIG, système d'information géographique) concernant Znieff 1, 2… paysages classés… paysages emblématiques, position des éoliennes (et dimensions) installées et en cours d'instruction.
L'Orxois y apparaît comme paysage emblématique, ainsi que la vallée de l'Ourcq. En ce qui concerne l'Orxois, la carte de la préfecture y place les communes suivantes (totalement ou en partie) : Hautevesnes, Saint-Gengoulph, Gandelu, Veuilly-la-Poterie, Bussiares, Torcy-en-Valois, Chézy-en-Orxois, Belleau, Courchamps, Monthiers, Epaux-Bézu, Priez, Neuilly-st-Front.
Dans quelques années, ce territoire risque de comporter 74 éoliennes. Certaines sont déjà placées sur ce paysage emblématique : Hautevesnes, Saint-Gengoulph/Chézy-en-Orxois, Neuilly/Monnes, Priez/Couchamps ; d'autres en grand nombre sont ou vont venir sur dans ses marches. D'autres projets naissent en plus vers Neuilly-St-Front…
Depuis Hautevesnes toutes les éoliennes existantes sont visibles en totalité pour certaines : 11 de Charly, 6 de Hautevesnes, 7 de Priez/Courchamps, 8 de Neuilly/Monnes, 5 de St-Gengoulph/Chézy-en-Orxois.
Hautevesnes
Quiconque traverse à petite vitesse, par monts et par vaux ce petit territoire, d'est en ouest, du nord au sud ne peut manquer de s'approcher des éoliennes, de les voir à courte, moyenne et longue distance. Bien sûr dans chaque commune on peut trouver un lieu, protégé par des bâtiments qui les cache toutes. Mais…
Avec les outils des SIG il n'est pas difficile, ce avec une bonne précision, de tracer la topographie entre un observateur et n'importe quelle éolienne pour voir si l'éolienne (et sa nacelle aussi) sera visible, en tenant compte éventuellement de l'existence de bois. Ici nous ne considèrerons pas ces bois, qui par nature, ne sont pas forcément pérennes – d'autant plus que des arbres de 25 m de haut ne sont plus comparable aux 150 à 180 m des éoliennes actuelles en bout de pale.
Plaçons-nous à Hautevesnes, le centre du paysage emblématique. Panorama splendide, entrant parfaitement dans la définition des “grands paysages”.
Bien sûr depuis la place de la mairie, les bâtiments empèchent la vision d'une grande partie de ces éoliennes. Mais faites donc un tour à pied ! Sortez vers Gandelu ou Courchamps… Saint-Gengoulph… parcourez les chemins de grande randonnée GR 11a, du Tour de l'Omois, des quatre Vallées… profitez de la vue, de jour comme de nuit.
Le graphique ci-dessous correspond à l'accumulation de 17 profils des 74 éoliennes. Les directions diverses ont été ramenées à une seule (de gauche, où se trouve l'observateur, à droite, vers les différentes éoliennes) :
rouge : Hautevesnes (2 des 6 éoliennes) bleu : Priez/Courchamps (2 des 7 éoliennes) vert : Chézy/St-Gengoulph (2 des 5 éoliennes) bleu-gris : Monthiers/Bonnevalyns/Sommelans (2 des 12 éoliennes) gris clair : Neuilly/Monnes (1 des 8 éoliennes) |
violet : Marigny/Lucy (2 des 6 éoliennes) violet pointillé : Rocourt/Armentières (1 des 5 éoliennes) |
en caractères gras, les éoliennes construites ou accordées par la préfecture 02 sur le graphe les échelles verticales et horizontales (en m) sont différentes ; le jugement de la visibilité éventuelle se manifeste en tirant une ligne droite entre l'observateur (à gauche) et l'éolienne (tout entière ? la nacelle, une partie seulement ?) : cette ligne droite coupe-t-elle le profil entre l'observateur et l'éolienne ? |
Sur le graphe il apparaît nettement que seules les éoliennes de Rocourt/Armentières [en pointillés] (placées sur un plateau bas surplombé par une crête [en partie boisée, d'ailleurs]) seraient peut-être invisibles depuis Hautevesnes ! Tout à droite de chaque profil, l'éolienne est représentées par le trait vertical (une pale vers le zénith), le cercle indiquant la position de la nacelle.
Comment apparaissent les éoliennes dans le champ visuel de l'observateur ?
Ce que voit l’observateur est une vision verticale, pour la plupart des cas dans nos territoire les éoliennes se détachent sur le fond du ciel. Une éolienne de hauteur donnée est vue sous un angle plus ou moins grand, angle dépendant de la distance de l'observateur au pied de l'engin. L'horizontale 0 indique le plan horizontal de l’observateur.
[Pour information : les éoliennes de Charly sont visibles parfaitement depuis la valllée de la Marne (avenue de l'Europe par exemple) sous un angle de 1°. Celles de Leury (au nord de Soissons) sont vues parfaitement sous 1°09' depuis la sortie de Courmelles vers Soissons]. La plus proche des éoliennes d'Essômes serait vue de l'avenue de l'Europe (Château-Thierry) sous un angle de 1°48' ; toutes les éoliennes de ce projet là seront visibles d'une bonne partie de la vallée de la Marne et de ses vignobles (avec en plus celles de Charly, celles de Coupru, celles de Marigny, Lucy ; ces dernières en partie). L'œil humain peut distinguer 1 minute d'arc (1/60éme de degré)]
En toute rigueur il est nécessaire ici de tenir compte des deux diagrammes : certains profils de terrain entre l'observateur et l'éolienne peuvent amener à cacher partiellement ou en totalité les éléments de la vision angulaire (base : ligne bleue, nacelle…).
Commentaires et réflexions
Depuis 15 ans, maintenant, une grande expérience des dossiers d'EP sur les projets éoliens fait apparaître – en ce qui concerne les éoliennes se découpant sur les horizons, des termes issus des analyses des paysagistes (on en arrive à penser que les projets éoliens sont une mine…) – un leitmotiv : "le rapport d'échelle favorise le paysage". Interrogés (nombreux témoignages) les passants, les habitants relèvent que ce qu'ils voient en premier c'est la ou les éoliennes (blanches) qui tournent (E pur si muove !). Le fond paysager n'apparaît qu'ensuite… si vraiment on s'y intéresse. La nuit le paysage antérieur est détruit, ponctué toutes les secondes par les éclats rouges.
Parmi les projets ceux d'Essômes, de Coupru, de Marigny/Lucy concernent la vallée de la Marne… grandement. S'y ajoute, bien sûr, le projet de La Chapelle-sur-Chézy.
Celui de Marigny-en-Orxois/Lucy-le-Bocage est sur les abords stricts de la rive gauche du Clignon. Le projet Gandelu (éoliennes juste au nord et juste au sud de Prément, tout proche…) serait vraiment sur la rive gauche du Clignon.
Celui de Rocourt/Armentières est le premier pas vers le Tardenois.
D'autres projets existent proches de la rive gauche de l'Ourcq. Un projet supplémentaire sur Latilly sera visible de l'Ourcq et du Clignon.
Des projets font apparaître des distances aux premières habitations de l'ordre de 750 m. La distance minimale officielle, définie alors que les éoliennes ne dépassaient que peu 100 m, est de 500 m. Il existe des témoignages locaux de ressenti sonore à 740 m, d'autres à 900 m ; des habitants indiquent ne pas entendre, pourtant aux premières loges, d'autres entendent, plus loin, au centre du village.
Deux projets font apparaître des distances de l'ordre de 750 m : Essômes, hauteur 180 m, proximité de Bourbetin ! Rocourt/Armentières, même distance, hauteur 170 m, à proximité de Rocourt et des habitants de la Haie (Armentières).
Rappel : les éoliennes industrielles sont classées ICPE : les normes de bruits font apparaître un seuil de dépassement à 35 dB(A) [il y a 5 ans c'était 30 dB(A)] Les mesurages ont lieu en plein air… aux premières habitations. Aucune référence à la fenêtre éventuellement ouverte… ou même fermée (témoignage à 750 m, à l'intérieur, couvert par la télévision [sic]). La disposition des bâtiments, l'existence de thalwegs devraient être des caractéritiques essentielles à une analyse fine des mesures de bruits… la référence de l'ADEME ? chambre calme à 35 dB(A). L'OMS indique 25 dB(A) ! Bien sûr il est dit que l'on s'habituera au léger bruit éventuel, partiellement… L'Académie Nationale de Médecine demande un retour aux 30 dB(A) antérieurs, et 25 à l'intérieur des habitations.
Avec 15 ans de retour d'expérience, les projets apparaissent s'étendre comme un chancre. A partir d'un lieu initial, des communes se rendent compte de revenus pour leurs voisines abritant les engins et certains de leurs propriétaires/agriculteurs. L'appétence financière est là, les réglements (les lois diverses [dont la LTECV], les analyses techniques [l'échelle des bruits en est une]) apparaissent définir précisément le cadre décisionnel des préfectures. Le malaise des habitants est beaucoup plus difficile à quantifier… il est alors considéré comme quantité négligeable. Le risque est alors grand de laisser faire.
Lors de l'apparition d'un projet, ou de murmure d'un projet, le rejet de la part des habitants doit se manifester très tôt. Il y a quelques cas de succès de rejet (Serches, par exemple). Mais un rejet n'est peut-être que momentané.
Actuellement, lors des présentations par les promoteurs aux habitants de communes les aspects environnementaux disparaissent actuellement des présentations : beaucoup des habitants viennent aux premières réunions pour lutter contre le nucléaire… les promoteurs, eux, n'en parlent pas (d'ailleurs que dit le GIEC… à ce propos ?) et interrogés ils parlent de mix électrique, souvent de production d'électricité supplémentaire… Ils sont là pour vendre un produit. On leur a donné la permission et les conditions du développement.
Le projet de Hautevesnes est né sur un paysage emblématique… la plupart des autres projets locaux se sont placés sur des terrains hors de contraintes paysagères ou environnementales. Cependant les Znieffs et autres classements ne sont pas une raison définitive pour se croire à l'abri ; ici, actuellement les promoteurs se contentent de les éviter. Dans nos petites régions, les paysages dégagés, souvent en culture de champ libre sont hors Znieff, Natura 2000… On ne défriche pas encore pour y placer les éoliennes… pour l'instant.
Ailleurs, dans d'autres régions, les promoteurs s'y attaquent déjà, avec la bénédiction d'instances régionales, de parcs naturels régionaux.